• Chapitre 52 : Une discussion éprouvante 

    Jack sentait bien que Sam était nerveuse. Ils étaient assis tous les seuls l’un contre l’autre sur le canapé.

    - Tu vas bien ? Demanda Jack.

    - Ça peut aller. Voilà, j’ai discuté avec Janet ce matin et j’en ai parlé avec la psychologue, cela m’a permis de réfléchir. J’en suis venue à la conclusion que je me sens prête à te parler de mon passé. Tu sais certaines choses mais pas tout. J’ai confiance en toi et en te parlant plus en détail de mon passé, je pourrais avoir une totale confiance en toi. Ce que je vais te dire n’est pas facile pour moi à dire. J’ai peur que l’image que tu as de moi change avec ces révélations mais tu m’as dit plusieurs fois que cela ne changera rien et bien, nous y sommes. Annonça Sam, très sérieusement en regardant Jack dans les yeux.

    Elle s’était écartée de lui et ils étaient à présent, face à face. Sam avait ses genoux contre son abdomen  et entouré de ses bras.

    - C’est la vérité Sam. Rien de ce que tu me diras, ne changera le fait que je t’aime. Réaffirma le militaire avec une voix douce.

    - Bien alors voilà, comme je te l’ai déjà expliqué, j’ai rencontré Jonas quand j’avais dix-neuf ans et lui vingt-six. J’ai abandonné la fac à la fin de deuxième année. Puis, à partir de là, il….m’a séquestré. Je ne pouvais plus mettre un pied dehors, il a fait en sorte de me couper de mes amis. C’était le premier avec qui…enfin tu vois. C’était la seule fois où j’ai été constante. A partir de ce moment-là, il m’a montré son vrai visage et j’étais seule et coincée. Je n’avais plus de contact avec personne. J’étais complétement dépendante de lui, je n’avais pas d’endroit où aller et je n’avais pas d’argent. Et puis, il me disait sans cesse que seule lui pouvait aimer une femme comme moi, que j’étais nulle et sans intérêt que personne ne voudrait de moi. J’entendais ce genre de chose à longueur de journée, j’ai fini par y croire. J’étais devenue son esclave ménagère et…sexuelle. Je devais tout faire quand il le voulait. La maison devait être impeccable, le repas fait à treize heures et à vingt heures. Si par malheur j’avais une seconde de retard, il le battait. Je devais être aux petits soins avec lui quand il était à la maison ou qu’il rentrait de son travail. Je devais faire tout ce qu’il voulait. Je n’étais là que pour le servir et le….satisfaire. Il venait dès que l’envie lui prenait. La nuit souvent, je devais être disponible. J’ai essayé de lutter au début mais plus je me rebellais et plus il me frappait encore et encore. Un jour, j’ai fini par me laisser faire, j’étais comme une poupée de chiffon. Il prenait mon corps mais mon esprit était déconnecté. Souvent, il me demandait de lui faire certaines choses, ce qu’il appelait des gâteries. Je me pliais même s’il me dégoûtait. Raconta Sam.

    Jack écoutait attentivement le récit de sa compagne. Il se doutait qu’il entendrait ce genre de choses mais il ne pouvait pas s’empêcher de se sentir fou de rage contre ce salaud. Il se sentait également impuissant quand il comprit les souffrances que Sam avait dû subir. Sam avait besoin de lui en parler pour tourner la page et lui faire totalement confiance.

    - Et puis, un jour où j’étais sortie pour aller à la pharmacie car Jonas était malade, j’ai eu très mal au ventre. Le chauffeur de bus a dû appeler les secours. Ils sont venus rapidement et ils m’ont emmené à l’hôpital le plus proche. Là, j’ai appris que j’allais être maman. Je n’arrivais pas à y croire avec tout ce que m’avait fait endurer Jonas, c’était impensable pour moi. Le choc a été de savoir que j’allais avoir des jumeaux. Tout le personnel était étonné de voir que j’avais fait un déni de grossesse jusqu’à la fin. Je prenais un moyen de contraception et je n’avais jamais oublié de prendre la pilule. On m’a dit que cela arrive rarement mais que c’est arrivé pour moi. Une infirmière a prévenu Jonas et il était loin d’être content. Je me suis toujours dis que s’il l’avait su, il aurait tout fait et il y serait arrivé à me faire perdre les bébés. D’un côté, ce déni de grossesse les a protégés. C’est une infirmière très gentille qui m’a acheté les deux maxi cosys pour transporter les bébés. D’autres mamans, qui avaient déjà eu des enfants, ont fait en sorte de me donner des vêtements. J’ai appelé Jonas et il est venu me chercher à la maternité. Il a remboursé l’infirmière et il a prétexté être allé en mission pendant ces quatre jours. En effet, l’assistante sociale de l’hôpital avait été prévenu de ma situation et Jonas ne voulait pas éveiller les soupçons donc il a fait en sorte de se comporter comme un adorable père ayant appris cette merveilleuse nouvelle. Il s’est tellement montré charmant que personne n’a rien vu. De retour à la maison, il m’a tellement frappé que j’ai perdu connaissance. Il m’a insulté pendant des heures en disant que j’avais fait exprès de tomber enceinte et que je lui avais caché. Il m’a battu pendant longtemps pour cela. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai eu les lèvres et la bouche en sang ou le nombre de cotes que je me suis cassée ou les épaules déboîtées. Je pense que les jumeaux ont ressenti inconsciemment la situation. Ils n’ont pas pleuré une seule fois en rentrant à la maison, même pas pour manger ou être changer. Je pense que cela leur a sauvé la vie car Jonas n’aurait pas supporté leurs pleurs. Les jumeaux ont été de vrais anges. De plus, ils n’avaient pas grand-chose que ça soit des vêtements, des jouets ou de la nourriture. Jonas rechignait à acheter quoique ce soit pour eux. Il ne les a jamais pris dans ses bras et il ne les a pas reconnu, c’est pour cela qu’ils portent mon nom. Puis, ils ont grandi et ils ont eu une scolarisation à domicile. Jonas ne voulait pas les inscrire à l’école car cela serait trop compliqué pour les chercher ou les emmener. C’est pour cela qu’ils ont du mal à s’adapter à l’école. Ils n’ont jamais joué avec d’autres enfants. Je me sentais et je me sens encore coupable pour leur avoir fait endurer tout cela. Pourtant, ils ne se sont jamais plaints et ils ont été merveilleux. C’est grâce à eux et à mes études que j’ai tenu le coup sinon je pense que j’aurais fait une bêtise. Ces agressions verbales, physiques et sexuelles ont duré pendant six ans. Cela a pris fin il y a un peu plus de trois mois. C’est pour tous cela que j’avais peur des hommes et surtout des militaires. Mais, avec toi, c’est très différent. Je sais que jamais tu ne me feras de mal, ni aux jumeaux. Je me sens bien avec toi et en sécurité. D’ailleurs, je redécouvre avec toi ce que c’est que le désir et l’amour physique. Je te remercie vraiment de me montrer que tu sais être patient et que tu sais te contrôler, c’est important pour moi. Détailla Sam, qui émit un soupir de soulagement d’avoir pu tout dire à Jack.

    Ce dernier avait écouté ce qu’avait raconté Sam mais avec beaucoup de difficulté. Si je vois ce connard, c’est un homme mort, pensa-t-il. Il se demanda comment un homme pouvait faire autant de mal à une femme mais également à des enfants, c’était impensable pour lui. Sam scruta le regard de Jack pour voir sa réaction.

    - Merci ma chérie pour m’avoir tout dit. Je sais que cela t’a demandé beaucoup de courage. Je me sens tellement impuissant pour toi et les jumeaux. Mon regard et mon amour pour toi n’ont pas changé. Tu n’as pas à avoir honte, tu n’y aies pour rien. Je suis fou de rage contre ce taré et crois-moi s’il croise mon chemin, je ne vais pas le louper. Je t’aime Sam et à partir de maintenant, tu pourras faire tout ce que tu voudras. Jamais je ne t’empêcherais de faire ou dire quelque chose. Tu es une femme intelligente, pleine de charme et d’une immense beauté. Tu es aussi gentille et compétente. Je suis fier de toi, fier de ce que tu es devenue malgré la vie que tu as eu. Affirma Jack, sincère et d’une voix douce.

    Sam le regarda et sourit. Elle se sentit soulagée et elle savait que Jack était l’homme de sa vie, elle avait une totale confiance en lui. Il lui avait prouvé déjà un grand nombre de fois par ses attitudes de gentleman, son comportement avec son fils mais également avec les jumeaux. Peu d’homme acceptait les enfants d’un autre, surtout vu la personnalité de Jonas. Pourtant, Jack était parfait avec eux, c’était incroyable.

    - Tu es incroyable, Jack. J’ai beaucoup réfléchi sur mes sentiments aussi aujourd’hui. Je me suis rendu compte que….je…..t’aime…..aussi. Pour moi, c’est tellement soudain, je ne m’y attendais pas. J’avais fait une croix sur les hommes et sur la vie de couple. Et puis, tu es apparu dans ma vie et tu as tout chamboulé. J’ai eu peur de toi au début et en te côtoyant, mon opinion a changé. Les discussions entre nous m’ont beaucoup apportés et m’ont beaucoup aidé à mieux te comprendre et à voir que tu es un homme parfait. Annonça Sam avec une voix claire et forte.

    Jack n’arrivait pas à le croire, elle l’aimait aussi et elle lui avait dit. Il était tout simplement heureux. Ils se regardaient et ils s’approchaient l’un de l’autre. Puis, ils s’embrassèrent tendrement. Après plusieurs minutes, ils se s’écartèrent et ils décidèrent de regarder la télé.

    Sam avait replongé dans son passé pour le raconter à Jack. Elle avait besoin de se changer les idées et de penser à autre chose. Il ne restait plus qu’à se débarrasser de Jonas pour qu’enfin, la vie soit merveilleuse. Jack avait reçu un appel de son ami qui était chargé de veiller à la sécurité des enfants. Il n’avait rien à signaler, tout était normal et il n’y avait pas d’incident. Jack remercia son ami et fit part de cela à Sam qui était soulagée.

    Ils trouvèrent un film comique et c’est ainsi qu’ils passèrent un bon moment ensemble. Sam n’avait pas regardé la télé pendant plus de six ans et donc, elle redécouvrait le plaisir d’être assis sur le canapé pour se reposer et voir des films.

    Jack et Sam avaient passé une nouvelle étape importante pour l’avenir de leur couple. Chacun avait avoué ses sentiments à l’autre. Ils pouvaient donc vivre pleinement leur histoire d’amour.

     

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